Article de Julie Carpentier paru dans les DNA le lundi 22 février 2010
Strasbourg / Galerie Quédar
Lauréate du projet soutenu par le conseil général du Bas-Rhin, par la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) et par le Crédit Mutuel Gutenberg, Valérie Pillon présente onze pièces sur lesquelles elle a entrepris une recherche plastique et a réfléchi à la représentation du corps ressenti et médiatisé.
Titulaire d'une licence d'arts visuels et d'un master 1 obtenus à l'Université de Strasbourg, c'est à la Vénus de Botticelli que Valérie Pillon a consacré quatre grands formats où elle interprète le célèbre tableau. Sur des rectangles verticaux en toile de jute, la Vénus est reconnaissable, traitée par peinture, collages de tissu brodé ou non, fragments de photographies de magazines féminins où la beauté est exaltée.
Ces portraits de femmes hybrides, fruit d'une expérience picturale décapante, étaient au départ des tentures où la femme iconique était soumise à une critique subtile. Montées sur châssis par la plasticienne, elles n'obéissent plus à l'idéal de beauté mais révèlent les énergies et les tensions véhiculées par un corps vivant. Citant Francis Bacon - « la peinture n'est pas un champ de la réalité apparente » -, Valérie Pillon veut que ses Vénus témoignent de leurs combats. Quelques tableaux-objets racontent l'histoire de la pantoufle de Cendrillon, le drame de la chèvre de Monsieur Seguin avec une broderie pliée, « le fil de l'histoire de la mère grand » avec le petit lit où le loup mangea l'aïeule.
L'histoire est désacralisée, la mémoire populaire est réinterprétée par des strates picturales de matériaux chargés de vécu comme la Mariée, revêtue de tissus usés avec boutons, fermeture éclair et broderies qui évoquent des heures heureuses. Assemblés sur un portemanteau, souvenirs tactiles de couleurs fauves, des peluches composent Manteau, corps imaginaire d'une enfance disparue.